Ce texte est le premier d’une série mensuelle d’articles explorant des actions citoyennes du Village à Viauville. Il a été diffusé dans notre premier zine, qui a été lancé lors de notre première fête de quartier, le 3 juin 2023.
Juin 2023
Texte par Pauline
Illustration par Valentine
Des sourires, une tablée de personnes jouant à la coinche, une belle collection d’ouvrages féministes et queer et des photographies exposées sur le mur : l’ambiance est à la camaraderie lorsqu’on entre dans le local de La Mandragore, situé à l’arrière-boutique de la clinique d’acupuncture sociale d’Hochelaga, au 3355 rue Sainte-Catherine Est. La Mandragore, qui tire son nom de la célèbre racine apparemment utilisée par les sorcières pour des rituels liés à l’érotisme et la sensualité, est un collectif qui met en partage une bibliothèque de plusieurs centaines de titres féministes et queer.
D’où ça vient ?
L’idée du collectif a émergé d’un groupe affinitaire d’environ 8 personnes, (les membres ont toujours oscillé entre 5 et 10). Celles-ci se retrouvaient autour de perspectives radicales, transféministes, queer, anticapitalistes, antiracistes et décoloniales. Le collectif est né en 2016. Au départ, la bibliothèque était située à la Déferle, puis elle a déménagé à l’Achoppe, deux locaux autogérés, avant de trouver son emplacement actuel sur Sainte-Catherine.
La bibliothèque féministe de Grenoble a servi de modèle, iels s’en sont inspirés pour donner naissance à la Mandragore. L’idée de la bibliothèque a émergé avec l’objectif de rendre accessible de la littérature féministe et queer en français à Montréal. En effet, il y avait alors peu de disponibilité d’ouvrages traduits dans la communauté. Le but était aussi d’introduire des idées queer féministes dans la communauté anarchiste, et d’apprendre ensemble à travers la lecture. Le livre prend une place importante pour s’éduquer à la tolérance, à l’empathie, et les échanges sont précieux. La bibliothèque a récemment changé de nom et s’appelle désormais La Mandragore – bibliothèque transféministe queer. L’ajout du suffixe “trans” est né d’une volonté de reconnaître l’apport des théories et vécus trans au féminisme et à la lutte contre le patriarcat. Le collectif souhaite ainsi rejeter un certain féminisme essentialisant et réactionnaire, surtout dans un contexte de résurgences de violences homophobes et transphobes au Québec.
Vous trouverez plein d’informations sur leur site Web, dont le catalogue avec tous les livres à disposition. La Mandragore est aussi sur Facebook et Instagram.
Enfin, retrouvez le collectif La Mandragore au festival Brûlances du 7 au 11 juin 2023, pour un micro-ouvert le 10 juin en soirée sur le thème amour et fureur!
Les activités proposées
La bibliothèque est ouverte tous les lundis de 17h30 à 20h30, afin que chacun.e puisse venir consulter, échanger et emprunter des livres et ce gratuitement. La Mandragore propose également des activités : des lectures collectives d’ouvrage, un jeu quiz de littérature queer et transféministe, des ateliers « ramène ta lecture » (moments de partage de lectures et de passages coups de cœur). La Mandragore organise aussi des projections de films et des discussions pour favoriser le développement des liens sociaux de communautés transféministes et queers. Certaines de ces activités se déroulent en mixité choisie, des déclinaisons qui varient : sans hommes cis, entre personnes lesbiennes, entre personnes trans. Cela dépend des activités et des évènements que le collectif propose, et de ceux qu’on leur soumet. En effet, La Mandragore soutient et propose un cadre pour des initiatives qui s’inscrivent dans leur lignée. Si vous avez une idée, n’hésitez pas à la leur suggérer!
Sur les murs qui ne sont pas couverts d’étagères de livres se trouvent en ce moment-même une partie de l’exposition « ça suffit » de Mobilisation Matawinie, des clichés et des textes engagés. La Mandragore propose depuis peu des expositions rotatives d’œuvres qui s’inscrivent dans la vision du collectif dans son local.
Les défis
A travers ces dernières années, le collectif a aussi fait face à certains défis : la pandémie a mis à l’épreuve l’ouverture régulière de la bibliothèque et la pérennité des activités, mais également,trouver un lieu avec un loyer abordable après le départ de l’Achoppe n’a pas été simple. Finalement, après des mois de pérégrination, le collectif a trouvé son emplacement actuel, c’est-à-dire à l’arrière-boutique de la clinique d’acupuncture sociale d’Hochelaga, grâce à des ami.e.s. Rester dans le quartier était important, car depuis sa naissance, le collectif y est très ancré.
Autre petit défi : comme le collectif n’a pas de statut juridique précis, il doit s’associer à des associations pour ses demandes de financement. Pour ce qui est de remplir les étagères, le collectif a ainsi contacté de nombreuses maisons d’édition pour leur demander si elles avaient certains ouvrages abimés, ou si celles-ci souhaitaient leur faire dons de certains livres. Ce qui a plutôt bien fonctionné!
Une aventure humaine, dans la camaraderie et la résilience
Chaque déménagement, chaque changement au sein du comité signifient de gros chamboulements et des renouveaux pour le collectif, car celui-ci est très organique. Il évolue au fil des personnes qui y contribuent, et tente de miser sur le soin et la bienveillance en s’adaptant aux réalités de chacun.e. Il permet différents niveaux d’implication. La Mandragore, c’est aussi une belle aventure d’amitié!
Il suffit de voir les gens qui reviennent, pour chercher un conseil de lecture, un ouvrage convoité, ou un simple moment d’échange convivial …
La Mandragore, bibliothèque transféministe et queer
3355 Sainte-Catherine Est (accès via la ruelle)
Ouverte chaque lundi soir de 17h30 à 20h30
www.lamandragore.xyz