Si vous vous baladez dans Hochelaga, il est possible qu’au détour d’un coin de rue, sur un petit carré de verdure, vous aperceviez une grande armoire emplie de divers objets et vêtements : il s’agit de la Friprue, une « friperie de rue », sorte de magasin gratuit.
Juin 2024
Texte par Pauline
Illustration par Anthony
La Friprue, c’est quoi ?
L’idée de la Friprue a germé petit à petit dans l’esprit de Kin. À la base, elle avait installé une bibliothèque de zines devant chez elle. Puis, elle a réalisé que les gens déposaient aussi des objets, et que d’autres les récupéraient. Elle a donc eu l’idée d’installer un espace de troc pour pouvoir partager entre voisin.e.s et donner aux personnes qui en auraient besoin des objets divers et variés ainsi que des vêtements. Et le besoin était là: dans les premiers temps, les gens repassaient jusqu’à 2h du matin devant chez elle ! Et l’initiative a pris de l’ampleur: elle tient désormais un inventaire des objets et des vêtements qu’elle a en banque. Elle a dû s’organiser pour stocker tout le matériel que les gens lui apportaient, les laver, les sécher puis les remettre à disposition en fonction des demandes.
L’origine de ce succès ? Il est en partie dû au bouche-à-oreille, mais aussi à la création d’un groupe Facebook dédié à la Friprue qui compte quasiment 1000 personnes ! À la base, la Friprue était située sur la rue Desjardins, mais Kin vient de déménager et elle a changé de place la Friprue, qui trône désormais au 2560 rue Théodore, devant l’organisme Interaction Famille.
Quelles ont été les difficultés ?
Kin a dû arrêter d’accepter des dons pendant un moment, car elle n’avait pas assez de place pour tout stocker. Les échos de la Friprue ont dépassé les coins d’Hochelaga, et des gens viennent de loin pour déposer des affaires pour la Friprue, d’aussi loin que Joliette ou même de l’Outaouais. Une belle reconnaissance, mais aussi un gros travail pas facile à gérer pour Kin qui fait ça bénévolement sur son temps libre. Elle a parfois l’impression de se battre contre l’ « overcapitalisme », les achats à foison qu’on relativise en se disant « c’est ok ces vêtements serviront à d’autres »…
Aussi, il y a eu quelques difficultés au premier emplacement de la Friprue. Parfois, on retrouvait des dizaines de sacs de dons devant chez Kin et ses colocataires. Il pouvait même arriver que des gens commencent à entrer librement en pensant que c’était une ONBL, pour savoir s’iels avaient des articles disponibles. Heureusement, Kin a pu compter sur de l’aide de l’Anonyme et de la Soupe Locale, et de quelques bénévoles.
Quelle suite pour la Friprue ?
Kin espère qu’il y aura petit à petit des Friprues dans plusieurs endroits du quartier. Elle espère aussi pouvoir trouver un grand espace de rangement avec des dons pour ensuite aller remplir les armoires 1 à 2 fois par semaine. Enfin, elle souhaite pouvoir devenir un OBNL reconnu pour que ce soit un projet autoporté qui perdure, même au-delà d’elle !
Pour contacter Kin, vous pouvez utiliser le groupe Facebook Friprue Montreal
À noter qu’elle ne prend plus de dons pour l’inventaire avant d’avoir un local pour le faire.